Un médicament générique doit répondre aux conditions suivantes par rapport à son équivalent d’origine :
- Les mêmes ingrédients actifs que son équivalent de marque
- Les mêmes normes fédérales strictes : fabrication et du contrôle de la qualité.
- La même quantité d’ingrédients actifs et le même dosage que le médicament innovateur. Il doit en outre s’administrer de la même façon que le médicament auquel il réfère.
- Équivalent du point de vue pharmaceutique et thérapeutique
- Il peut exister une différence en ce qui à trait à la présentation du médicament, ce qui inclut la forme, le format, la couleur ou le goût, puisque les ingrédients inactifs (colorant, saveur, agent de conservation) ne sont pas nécessairement les mêmes
- Disponibilité : dès que le brevet de son équivalent de marque est expiré (par exemple : Atorvastatine -Lipitor)
Contexte : augmentation fulgurante des couts en santé
Dans le contexte d’augmentation alarmante des coûts attribués aux médicaments et de l’arrivée à l’échéance de certains brevets, les gouvernements provinciaux ont adopté ces dernières années des mesures de réduction graduelle du prix des médicaments génériques. Ces mesures visent, entre autres, la réduction et le contrôle des coûts. Au Québec, à compter d’avril 2012 le prix maximal d’un médicament générique est fixé à 25% du prix du médicament de marque.
Malgré les avancées incontestables de cette réforme, les économies réalisées par les régimes privés sont plutôt théoriques et de nombreux défis restent à surmonter. D’ailleurs, les Canadiens ont bien raison de s’inquiéter des prix de vente des médicaments génériques, qui seraient parmi les plus dispendieux au monde.
La réforme du prix des médicaments génériques (MG) a eu une incidence asymétrique sur les coûts des médicaments d’une province à l’autre :
Le tableau ici-bas mette en évidence le coût comparatif par demandeur et la variation 2011 par rapport à 2010 ainsi que l’effet de la réduction des coûts des médicaments génériques (l’impact de la réforme)
QC | ONT | C-B | CA | |
Coût par démandeur | 833 $ | 752 $ | 668 $ | 761 $ |
Tendance globale 2011/2010 | 5,2% | -1,7% | -1,4% | 0,5% |
Coût MG en % du MM | 25% | 25% | 35% | |
Effet attendu MG | -5,0% | -4,5% | -4,6% | s/o |
Effet réel MG | 0,1% | -3,2% | -3,2% | s/o |
L’utilisation des médicaments génériques au Canada :
- 60% des ordonnances, totalisant 317 millions ad’ordonnances
- 25% seulement des coûts totaux (5,5 milliards $)
- Le Québec affiche le plus bas taux d’utilisation, 58% (la moyenne canadienne : 60%)
Source : ImS Health Canada et Association canadienne du médicament générique (ACMG)
Il est important de regarder à l’esprit le fait que l’analyse est basée sur les données de l’année 2011;en fait les économies sont modestes car c’est seulement à partir de l’année 2012 que le prix des MG est fixé à 25% du prix du MM et que le brevet d’importants médicaments de marque expirait entre 2010 et 2015.Nous devrions observer des économies plus importantes entre 2012-2014.
Mais ce sont plutôt d’autres circonstances de nature économique qui nous préoccupent et qui font en sorte que les économies potentielles des régimes privés demeurent modestes.
Les prix des médicaments génériques au Canada sont trop élevés
Les Canadiens ont bien raison de s’inquiéter des prix de vente des MG, qui seraient parmi les plus dispendieux au monde. Selon l’Institut Fraser, les Canadiens déboursent deux fois plus cher que leurs voisins du sud.
- Parmi les pays de l’OCDE les prix de MG sont d’environ 30%-35% plus élevés
- L’Union des consommateurs estime également que le Canada arrive en deuxième position
Disparités importantes entre les prix du même médicament
- Manque de concurrence ce qui se traduit par une grande disparité des prix sur le marché freinant ainsi la baisse du prix des génériques
- Les disparités de prix même à l’intérieur de la même bannière, ou le fait qu’un médicament coûte moins cher à Québec qu’à Montréal, n’est pas, en soi, une mauvaise chose. Ce qui est préoccupant c’est plutôt le grand écart qui peut être observé.
La réactivité du marché, facteurs qui nuisent aux économies attendues
- La baisse du coût des médicaments entraîne une baisse de revenu chez les détaillants
- Pharmaciens : augmentation des honoraires et de la marge bénéficiaire
- Réduire l’effet de diminution des coûts des médicaments
- La mauvaise utilisation, l’inobservance du traitement, les choix thérapeutiques, la manque de sensibilisation des médecins et à la gestion déficitaire des régimes privés.
Comprendre la structure de prix d’un médicament
Le prix réclamé par votre pharmacien est composé de trois éléments : le coût d’achat du médicament par le pharmacien, les honoraires professionnels et la marge de profit. Cependant, le prix payé par les régimes d’assurance collective est généralement plus élevé que celui payé le régime public (RAMQ).
RAMQ
- Le coût d’achat des médicaments est négocié par le gouvernement
- La marge de profit et les honoraires professionnels : établis par le gouvernement
- En conséquence les prix généralement les mêmes pour le même médicament dans toutes les pharmacies
Régimes d’assurance collective
- Par contre, les honoraires et la marge de profit varient substantiellement
- Les prix sont souvent supérieurs aux prix de la RAMQ pour le même médicament
… Ce qui nous laisse à croire que les régimes privés sont surtaxés par rapport au régime public !
Frais et honoraires des pharmacies
Selon une étude sur les frais des pharmaciens sur un régime d’assurance collective de 900 vies réalisée en mai 2012
par Giraco Groupe Solutions, les frais moyens estimés perçus par les pharmacies (marge du grossiste+ frais d’exécution+ marge de profit+ autres frais) s’élèvent à 18 $ pour les MG et à 14 $ pour les MM.
Nous croyons fermement que des mesures urgentes, concrètes et viables à long terme s’imposent. L’effet de cette réforme ne durera pas longtemps sans d’autres mesures que les gouvernements devraient entreprendre afin de régulariser les politiques de fixation des prix des médicaments, des frais et des honoraires des détaillants. En même temps les administrateurs des régimes et les employés doivent adopter une attitude proactive, s’informer d’avantage auprès du pharmacien et du médecin et adopter une attitude de consommateurs responsables car n’oublions pas: se sont eux qui assument les primes d’assurance.
Par : Marius Balan, B.Sc. Actuariat, CRM
Conseiller, Assurances collectives & Gestion des risques,
AMF, CSF, Risk and Insurance Management Society
GIRACO Groupe Solutions
Assurances collectives · Actuariat · Gestion des risques
1 Afin d’alléger le texte, MG = médicament générique, MM = médicament de marque, MU = médicament unique, sans équivalent générique.
2 Idem
3 Publié dans l’Avantages, mai 2012 http://www.conseiller.ca/files/2012/10/8-generiques_1112.pdf